Chute hasardeuse

Abandon : ce fut le seul mot qui pouvait décrire la sensation qui m’envahissait peu à peu. Au loin, dans le ciel éthéré, on pouvait largement distinguer la bande dorée annonçant l’aurore à l’horizon, au-delà des montagnes…

Je commençais seulement à reprendre mes fonctions vitales et ma perception des sens :
Ouïe, le chant des oiseaux matinaux qui ne manquèrent pas de m’irriter et le bruit du vent qui malmenait mes oreilles.
Odora, la brise fraîche ne m’épargna pas d’amener les senteurs végétales dans mes nasaux, me débouchant les sinus par la même occasion.
Goût, une impression pâteuse gagna très vite ma langue tout en me faisant ressentir les relents de rat mort de derrière mes amygdales.
Vue, l’intensité nouvelle de la lumière m’empêchait clairement d’ouvrir les yeux, je ne pus donc rien voir dès les premières minutes de ma seconde vie.
Touché, insensibilité totale si ce n’est que je sentais à peine l’air venant fouetter mon visage, la terre semblait absente sous le poids de mon corps…

*Mais…qu’est-ce que…?*

Je remarqua bien tardivement et à mes dépends que j’étais en train de chuter et que l’arrivée allait être un brin douloureuse.

« Celle là, je vais la sentir passer. »

Je heurtai violemment un arbre en tombant branche après branche jusqu’à finalement atterrir au pied de ce même arbre. Après quelques minutes d’inconscience, je repris mes esprits non sans ignorer le mal de crâne qui précéda ma descente.

« Plutôt terre à terre comme arrivée. Pff ! Quelle déveine. »

Je me relevai avec le peu d’énergie que j’avais récupéré tout en faisant craquer les os de certaines zones de mon corps, notamment dans mon coup qui était un petit peu bloqué. Je tentais d’observer les alentours grâce à l’ombre des arbres qui protégeait ma vision mais la luminosité était encore trop intense pour mes petits yeux qui sont restés depuis d’innombrables années dans l’obscurité la plus totale. Un autre détail mais qui cette fois-ci datait de mon ancienne vie : je n’ai jamais été doué pour ressentir le danger, ce malus était cependant compensé par une chance parfois inattendue…

C’est probablement à cause de ces facteurs que je n’ai pu détecter la présence d’un corps humanoïde sauvage et violent derrière moi, et aussi grâce à eux que j’ai pu éviter de justesse l’attaque que ce dernier allait me porter en me tournant sur la droite, attiré par des mouvements dans les fourrés. J’entendis alors un bruit sourd de métal s’écrasant sur le sol, je marquai un temps d’arrêt pour réaliser que cette « chose » avait faillit me disséquer avec une hache.

« Holà ! Tous doux mon grand, tu sais que tu peut être dangereux avec ce truc… »

Son corps, noir de jais et dépourvu de tout vêtements, marque d’un certain niveau de civilité, n’avait que pour seule protection une petite plaque de métal recouvrant son front et ses yeux.

« Tu dois pas voir grand-chose avec ça, attends que je te le retire. »

Sous ce « casque » se cachaient deux yeux rouges injectés de sang et sortant de leur orbite. Le spectacle fut tellement laid à voir que je lui remis immédiatement son morceau de métal sur le caillou sans mots dire, comme si de rien était. Quelques secondes de silences précédèrent un hurlement venant des tripes de la part de mon « interlocuteur ».

« Ton haleine est semblable à l’odeur de la défécation d’un panda zombie après avoir ingurgité une marmite entière de chili con carne.* »

Il poussa de nouveau un second cri avant de soulever son arme avec lenteur, il ne me fallut pas longtemps pour percuter qu’il voulait effectivement me hacher menu. Je lui fis donc un petit coup du lapin le faisant s’effondrer lamentablement au sol. Je ne soupçonnai pas ma force à cet instant, encore un résidu de mon ancienne vie…

Quatre autres créatures du même genre sortirent soudainement des buissons, m’encerclant et tentant de m’acculer contre l’arbre dans lequel j’ai atterris. Ces choses se tenaient à quatre pattes, le dos courbé et des griffes en putréfaction à l’extrémité de leurs mains. Je mis le pied dans une étrange flaque noire nauséabonde semblable à de l’huile de roche, il ne me fallut pas bien longtemps encore pour reconnaître la hache qui faillit me pourfendre gisant non loin du liquide…Je me demandai à l’instant si ce n’était pas mon agresseur qui avait fondu entre temps.

*Mais que sont ces choses ? C’est ça des « Black Holes » ? Et galère !*


[HS : * Hommage à Sanji, sa marmite de chili et le panda contre lequel il est actuellement en train de se battre ]

"LACHE-MOI SALETE ! J'AI PAS DE TEMPS A PERDRE !"

Le geeckers tomba à terre, aveuglé et brulé par le flash aveuglant du sidéral de Milly.
Elle se remit à courir dans la direction du lac, elle avait encore douzes Apocalyptics à trouver.

Elle aperçue bientôt un groupe de Geeckers encerclants un apocalyptic.

"apparait, Kuro !"

Des griffes de 50cm apparurent aux extrémités des doigts de la jeune fille qui se mit à découper les geeckers sans même qu'un seul d'entre eux n'ait eût le temps de se retourner. Il ne resta bientôt plus de leur présence qu'une masse incroyable de liquide noire sur le sol.
Les griffes de Milly disparurent et son Powa repris la forme d'une sucette.
Elle se tourne vers l'apocalyptics qu'elle ne connaissait pas.
Il avait l'air un peu perdu ce qui n'empêcha cependant pas Milly d'arborer toujours le même visage privé d'émotion, laissant simplement transparaitre son impatience.

"tu vas bien ? qu'est-ce que tu fais ici ?"

- « Qui…Qui me parle ?
- Baisse la tête… »

On ne pouvait distinguer ni surprise, si soulagement au travers de mon visage blasé, juste du mépris à l’égard de cette jeune fille.

*Une gamine…je hais les gamines.*

Encore un reste de ma vie passé : j’avais quelque à priori vis-à-vis de la gente féminine, encore plus envers les enfants aux allures de peste comme celle-ci…Et là sucette n’avait rien pour arranger les choses.

*La première personne à peu près humaine que je croise est une gamine…de mieux en mieux…*

Je passai, sans considération, la surprise logique que j’aurais dû ressentir en ce qui concernait les « griffes » (je n’ai eu réellement le temps de les voir) et les questions essentielles que la situation imposait pour arriver directement à la question vitale et fatidique :

- « Tu ne connaîtrais pas un endroit tranquille pour dormir ? »

Un temps d'arrêt s’imposa de lui-même pour laisser le temps à mon interlocutrice de réaliser le ton décalé que prenait la conversation…

Milly fronça les sourcils mais ne répondit pas. La scène resta telle quel pendant presque cinqs minutes. Elle ne fût brisée que par le cri d'un oiseau.
Comme réveillée d'un cauchemard par ce cri, la jeune fille tourna les talons et regarda le soleil comme s'il sagissait du dernier qu'elle puisse voir.
L'horizon brulait du feu crépusculaire et elle savait ce que cela signifiait quand au déroulement du tournoi et, pour elle même, qu'elle devrait bientôt assumer son rôle.

"au deuxième soleil...tu prendra ma place...lorsque vous l'aurez détruit..."

les derniers mots d'Azip résonnaient dans sa tête, elle ne pouvait les oublier et elle se haïssait pour cela. Elle revint finalement à la réalité et se tourna vers le nouveau.

"je n'ai pas de temps à perdre avec ce genre de choses...tu peux aller vers les dortoirs ou rester et passer la nuit là mais...je te le déconseille..."

Elle s'éloigna tout d'abord en marchant comme pour voir si il n'avait besoin de rien d'autre.

- « Hé fillette…C’est par où les dortoirs ?
- A l’académie. » Me répondit-elle d’un ton agacé.

Je marquai un nouveau temps d’arrêt pour lui laisser le temps de réaliser l’énormité du ton dans sa voix, ce fut peine perdue…

- « Comment veux-tu que je sache où est l’académie si je ne sais pas où se trouvent les dortoirs ? Et puis…c’est quoi une «académie» ?

Il fut facile de discerner le sentiment de cette fille à cet instant par le biais de son faciès discrètement défiguré par un petit rictus. Je ne sus pas précisément si elle fut sidérée ou bien simplement surprise (du fait de son manque d’expression faciale similaire au mien) mais son sentiment restait indéniablement dans le cadre de l’étonnement. Puis ce fut l’exaspération et l’irritation…
Cette capacité à discerner la moindre expression par les plus fins et discrets mouvement faciaux et corporel devait sans doute être aussi un résidu de mon passé.

- « Tu pars vers le sud-ouest d’ici et tu trouveras sur ton chemin un grand bâtiment…c’est ça l’académie. Tkss ! Tu me fais perdre mon… »

Il fallut qu’elle en vienne jusqu’au milieu de sa phrase pour se rendre compte que j’étais déjà partis suffisamment loin pour ne plus l’entendre clairement.

- « Tu pourrais au moins m’écouter !!! »

Je me retournai lentement, les yeux fermés, esquissant un maigre sourire amer.

- « Je croyais que ton temps étais précieux, ce n’est pas le cas ? Arrêtes de le perdre à jacasser et à marcher comme une limace et remet-toi à tracer ta route aussi rapidement comme tu es arrivée. C'est-à-dire : comme un éclair…

Je ne pris le temps d’observer son visage pour déterminer sa réaction, le sommeil l’emportait sur les railleries. Pour me repérer, il me suffisait de prendre la direction opposée à la lumière intense qui commençait à surgir de l’est tout en bifurquant légèrement sur la droite.

* « Académie », me voilà…*